mardi 9 septembre 2008

Claude Parent, des livres chapitre 1






Les coïncidences sont superbes. Elle sont un rassemblement inattendu de plaisirs simples.
En ce moment ce sont les ouvrages sur Claude Parent qui se rassemblent dans ma bibliothèque. Cela commence par une curieuse édition d'un ensemble de planches photographiques regroupées sous le titre "Petites maisons et villas d'aujourd'hui" aux éditions d'art Charles Moreau dans lequel figure une villa dessinée par Claude Parent et de nombreuses villas à Royan. J'ai dégotté cette merveille aux Emmaüs du Mans lors de mon week-end architecture. Cet ouvrage est curieux car il donne une impression d'avant-guerre avec sa typographie ronde très Déco. En fait l'ouvrage semble bien plus être de la fin des années cinquante et de plus il n'est pas broché sûrement pour l'utilisation en fiche par les lecteurs se précipitant chez l'architecte du coin avec leurs modèles sous le bras. Je veux quelque chose comme ça, assez moderne mais pas trop un peu comme ça là vous voyez avec de la pierre mais aussi pratique, il faut que tout communique, vous comprenez Monsieur et puis là une céramique de Dubroc et mon jet d'eau ici...
On trouve donc la planche 22 nous présentant une villa à Ville d'Avray dessinée par G.L. Bureau, Claude Parent et Yonel Schein !! Rien de moins... Mais c'est curieux car le bâtiment du haut ne semble pas correspondre à celui du bas. Deux villas différentes ? J'avoue aimer beaucoup celle du bas avec son long cheminement vers l'entrée très sculpturale et de Stjil ! On peut rêver à des couleurs vives sur les piliers de métal. Or, je retrouve dans un autre livre "Villas modernes" la même construction avec des photographies similaires mais légèrement différentes, c'est édité chez Charles Massin en 1962 et ça regorge de villas Arpel et royannaises. Donc, en conclusion on peut penser qu'il s'agit bel et bien de la même maison. Le Jeune Claude Parent devait faire là, à Ville d'Avray, ses premières armes. Un peu plus loin, toujours dans "villa modernes" on trouve une autre maison de l'architecte, cette fois en Seine et Oise, sans autre précision, on nous indique que la maison est pour une famille avec trois enfants. "Ce sont des toitures à très long pan qui déterminent le caractère plastique de l'habitation ; ces plans obliques, très accusés, distinguent la partie réception (couverture à double pente) de la partie sommeil (toit à une pente)".
Et puis je reçois hier l'édition originale de "vivre à l'oblique" publiée en 1970 chez l'aventure urbaine. Je possède la belle petite réédition chez l'excellent éditeur Jean-Michel Place mais j'avoue mon contentement devant l'original qui arbore peut-être une dédicace du maître : "au Docteur Labrouge (?) en souvenir du colloque des conservateurs de musées ; En regret d'une confrontation médecine et architecture qui n'a pas lieu."
Je conseille à tous de le lire et de le relire. Il y a de beaux passages sur les erreurs de Le Corbusier, contre le design et aussi sur la redécouverte du corps et de l'effort. Des paroles de la danse. C'est véhément mais c'est salutaire. J'aime aussi beaucoup les schémas gras au pinceau et à l'encre de chine. Un beau et indispensable ouvrage.
Et puis voilà que Julien Donada m'annonce la sortie prochaine d'un livre sur Claude Parent aux éditions Acte Sud écrit par Béatrice Simonot avec une préface de Jean Nouvel. cet ouvrage portera le titre " le fou de la diagonale-Claude Parent architecte" et sortira le 24 septembre prochain. Les conseils de Julien étant toujours bons, je crois qu'il nous faudra lire cela avec beaucoup d'attention. Je remarque que l'auteur du livre, les coïncidences je vous dis, fut enseignante à l'école d'architecture de Normandie à Darnétal dans la très belle Usine Fromage.
Julien fait une projection de son film sur la Tour E.D.F d'Issy les Moulineaux (Atelier de Montrouge) à la Cité de l'architecture (Chaillot) le 9 octobre. Je ne pourrai y être mais si certains d'entre vous peuvent s'y rendre, n'hésitez pas. il y a encore quelques petites pépites dans ma bibliothèque autour de Claude Parent, mais là sans coïncidence aucune alors gardons-les pour plus tard.

claude Parent, des livres chapitre 2




Claude Parent dans "villas modernes" chez Massin éditeur.

Claude Parent, des livres chapitre 3




Claude Parent chez Jean-Michel Place éditeur et aux éditions de l'aventure humaine.

Sarcelles du Grand Standing




Comme promis, voici l'avis de notre guide d'architecture contemporaine en France par Messieurs Amouroux, Crettol et Monnet.
Comme toujours c'est... euh direct :
Villeneuve Loubet plage ensemble "marina baie des anges"
architectes : M. Marot et A. Minangoy, ingénieurs P. Clos et H. Habib.
Caractéristiques : ensemble de grand standing ; 4 immeubles de 14 à 22 étages ; 1200 appartements du studio au 5 pièces ; tour hôtel de 24 étages et 300 chambres (en projet) ; port de 600 places ; centre commercial ; complexe sportif et de loisirs ; 16 ha de terrain Actuellement l'immeuble "Amiral" achevé (1970) 259 appartements l'immeuble "Commodore" en cours (1972). Prix de vente moyen du m2 : 3000f . Circulation automobile souterraine ; Plage privée de 250m de long. Répartition des appartements, immeuble "amiral" : 141 deux pièces, 42 trois p, 54 quatre p, 22 cinq p, 30 possèdent une terrasse. Ossature béton armé, remplissage parpaings. Aux deux niveaux de l'architecture et de l'urbanisme ; c'est un scandale. Marina Baie des Anges est un des lieux saccagés de la Côte d'Azur. Quatre volumes, barres de forme courbe, n'ont jamais constitué ni une "intégration au site" ni un "cadeau fait au site comme tente de le démontrer la publicité. C'est le Sarcelles du Grand Standing et non une architecture qui "prend vraiment la Méditerranée à bras ouverts". Ce micro-urbanisme peut être compris ainsi : je construis donc j'implante. Au prix du mètre carré, il faut un terrain qui présente des avantages uniques. Au bord de la mer, au bord même, en est un. Alors, pour une clientèle triée sur le portefeuille est offert, par exemple Marina Baie des Anges; il n'existe pas en France de politique consciente de l'espace, Marina en est la preuve. L'une des preuves.
Voilà qui est dit. Ne pas oublier d'aller voir le petit film sur le site de l'I.N.A, on y voit Monsieur Minangoy en train de peindre, c'est... touchant et on visite un peu le lieu.
www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=I00013787

la voile de béton, un modèle international ? 1






Pour rebondir en quelque sorte encore un peu sur les vele di Scampia vues dans Gomorra et pour rebondir d'une manière un peu formelle uniquement, je vous propose des rapprochements entre plusieurs bâtiments qui semblent vouloir jouer sur la même ligne constructive (celle de la coque et non de l'interne) en adoptant la courbe, le gradin, la masse.
En France on connaît bien Marina-baie des Anges de l'architecte Minangoy, qui est souvent l'argument fort des anti-bétonnage de nos traits de côtes. Je veux dire que Thalassa déteste. On peut tout dire sur ce type d'architecture, sa massivité, l'impossibilité d'y échapper, le mur dressé entre la terre et la mer. C'est le type même de bâtiment dont on peut faire de ses défauts des qualités et vice versa. Il semble qu'ici seul le jeu assez subtil des courbes bien dessinées et l'alternance des percées comme opposition à la droite et la verticalité soient les éléments qui en font un ensemble moderne (!). C'est un peu court. Mais il est indéniable que l'ensemble se vrillant sur lui-même, cherchant à offrir à chaque appartement un point de vue sur la mer ou sur lui-même (effet de miroir) provoque un effet assez extraordinaire. Les terrasses en gradins font envie, gigantesques balcons sur la mer pour les plus chanceux. Le bâtiment semble vouloir être le spectacle en lieu et place du spectacle de la mer. On évoque ici des termes maritimes, voiles blanches, paquebots, et même collines sculptées par la mer et le vent. J'imagine d'ailleurs qu'au pied de ces immeubles des courants d'air doivent être bien forts. Mais cela est, c'est présent, fort, un rien brutal donc. Nous verrons ce qu'en pense notre guide un peu plus loin et c'est salé !!
Mais reprenons le modèle formel. Voici un autre bâtiment brutal posé sur la plage. Un bâtiment fort dont je rêve la visite. Il s'agit du magnifique V.V.F Chambre d'Amour à Anglet dont je vous ai déjà parlé. Ici aussi nous avons la pyramide et même le pyramidion en façade, ici aussi nous avons l'étagement en terrasses mais qui ne semblent pas occupées, ici aussi ça se courbe pour épouser la côte (ça se plie est plus juste). Je ne peux rien dire d'autre que ma passion pour ce type de brutalisme à la française. C'est énorme, c'est la Rafale de Reims au bord de mer. L'echelle est bien plus modeste que Marina-baie des Anges et le dessin est plus complexe également. Des volumes jouent de manière juste sous le soleil... Le matériau est choisi, la couleur également, l'ensemble bien qu'en opposition dure avec l'environnement semble en même temps en émaner. C'est égyptien, aztèque et babylonien. C'est somptueux. Les architectes sont Messieurs Hebrard, Gresy, et Percillier pour le groupement Aquitaine Architectes Associés.

Nous allons maintenant en Espagne à Cullera voire l'édifice "fleur d'oranger". Cette carte fut envoyée pour l'anecdote par ma Tante Gisèle en 1980 et nous dit : les beaux immeubles faits sur la côte. Horreur !!
Oui c'est vrai. On dirait que l'étagement en terrasse ne pouvait pas descendre jusqu'au sol ! C'est un écran. Sur le côté du bâtiment on devine une mosaïque laide. Au loin, le même type de construction au bord de mer.


Finissons avec le Hua Ting Sheraton Hotel de Shanghaï, dont la carte postale nous dit en légende : building of modern Shanghaï style. C'est quoi le style moderne de Shanghaï ?
La correspondante nous renseigne un peu : nous sommes arrivés à Shanghaï, ville moderne et évoluée, ancien comptoir elle a subi la colonisation anglaise et française. Les villes explosent. Ils rasent leurs maisons pour construire des buildings...
Voilà qui est dit, c'est sûrement les restes de la colonisation destruction et mauvais goût. On admirera ici la tour de transport, la courbe voluptueuse et la couleur saumon très chic. C'est moche. J'ai étrangement trouvé les deux cartes postales, celle du projet et celle de la réalisation à des endroits différents. Les cartes postales de projets architecturaux sont rares et je suis toujours heureux d'en trouver. On remarque souvent dans celles-ci la difficulté à contextualiser les bâtiments à moins qu'il ne s'agisse d'une manière de resserrer l'intérêt sur le projet. Voyez le traitement du fond par exemple.
Pour ce qui est des éditeurs et par ordre d'apparition :
Villeneuve-Loubet vue aérienne pour Rion en Lyon color
Villeneuve-Loubet Marina baie des anges aux éditions Azur même point de vue mais construction de la dernière barre visible. Carte postée en 1986.
Villeneuve-Loubet Marina Baie des Anges architecte M.A. Minangoy, édition Combier expédiée en 1979.
Anglet Chambre d'Amour V.V.F édition Elcé en Elcécolor, couleurs naturelles.
Cullera (valencia) édifice "fleur d'oranger", pas de nom d'éditeur, expédiée en 1980.
Hua Ting Sheraton Hotel Shanghaï Cao Xi Bei Lu (? architecte?) people's republic of China. (projet)
the Huating Sheraton Hotel (Building of Modern Shanghaï Style).

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