jeudi 30 octobre 2008

Tournesol et sous-préfecture



Très rapidement.
Voici deux nouvelles cartes postales avec les soucoupes volantes de Monsieur Schoeller. Je ne chanterai plus mon admiration : vous aurez compris je crois.
Nous avons donc : une édition de l'Europe pour la piscine de Lambersart (59130). le nom de l'architecte n'est pas mentionné, la carte fut expédiée en 1978. C'est beau.
Nous avons aussi : une édition CIM de la piscine de Formerie (Oise), le nom de Monsieur Schoeller est cité. La carte fut expédiée en 1989. Ce plan est superbe et un garçon au maillot rouge vif sur la droite fixe le photographe.

Pour finir un échec.
Des heures à chercher le nom du ou des architectes de cette étonnante sous-préfecture de Boulogne sur Seine. Brutalisme un peu gauche, volonté de faire image, un rien de japonaiserie métaboliste et un superbe balcon en verre fumé pour que Monsieur le sous-Préfet arrangue la foule ?
On admire la pente qui arrive de très loin au fond pour conduire les autos, DS19, Cx prestige et R4 de fonction sur le parking.
C'est une édition Raymon "image de France" et j'adore ça.
Si vous savez qui a dessiné ça... faites tourner.

Marne-la-Vallée photographiée


Hier nous avons vu un ouvrage sur l'œuvre de Ricardo Bofill assez étonnant. Pourquoi ne pas continuer aujourd'hui avec une autre publication remarquable tant par l'objet visé que par la qualité éditoriale.
Il s'agit à nouveau d'un porte-folio sous forme de valisette transparente contenant un ensemble de photographies réalisées par Batho, Bricage, Dityvon et Sieff.
Une commande : faire des photographies de la ville nouvelle, chacun s'attachant à en donner son idée. Ce qui est intéressant par rapport à l'objectif (sans jeu de mot) de ce blog c'est bien évidemment la question du point de vue de photographes plasticiens contre ou avec les photographes d'éditeurs de cartes postales. On comprend en feuilletant les images que l'architecture y est souvent traitée soit comme un fond habité sur lesquels se découpent les gens mis en avant ou comme un registre dans lequel on cadre pour dégager des formes et des compositions souvent rythmiques et abstraites. Aucun ne s'interroge sur la valeur architectonique (comment c'est bâti), aucun ne recule pour saisir le construit dans un paysage dont il serait le formateur. L'architecture n'est pas l'objet mais le lieu. Bien évidemment, ce n'est pas le cas de tous les photographes plasticiens mais c'est bien ce qui se dégage de ce porte-folio, un attachement à ceux qui vivent là au risque d'atténuer la réalité physique et puissante (donc déterminante) de l'architecture. Quelque chose comme une sensualité, une politique qui ne pourrait se cristaliser que sur une proximité de l'objectif avec son sujet d'où parfois une matérialité baroque alliant les obliques et les grains de la pellicule.
L'ensemble laisse un sentiment parfois de clôture pour ne pas dire d'enfermement. On a parfois envie de voir enfin la ville pour ce qu'elle est même si les habitants, ceux qui vivent là sont photographiés avec beaucoup d'humanité, d'humour et avec un respect participatif.
Mais je ne comprends pas Marne-la-Vallée. Je ne comprends pas son plan, son échelle. Je ne sais rien des visées et des ouvertures. Je ne sais rien d'un cheminement possible, de l'alternance des vides (peut-être un peu le ciel) et des pleins.
Les photographes de cartes postales fabriquent des images. Il s'attachent à ce que l'on pourrait qualifier de fidélité à la réalité du bâti. De loin, plus c'est haut, ils captent la globalité contre le particulier de manière à ce que, croient-ils, chacun s'y retrouve, s'y projette, inventant ainsi la grille de la reconnaissance. C'est à la fois eux qui inventent et c'est à la fois les photographes les plus piégés du monde. Ils travaillent pour une idée de la photographie. Ils sont photographes de genre. Ce genre c'est un détachement, ils n'habitent pas là, ils sont souvent des photographes de passage et tirent le portrait de la ville comme on tire le portrait d'une classe à l'école. Chacun est à sa place. Mais justement c'est là dans un mélange subtil d'objectivité et d'enjolivement (mise en valeur, la ville est passée chez le coiffeur) que se situe la puissance de fascination de ce type d'images. Quand surgit le particulier, l'animation, l'incontrôlable et l'éphémère. Quand la surface bien lisse du papier couché se trouble légèrement du flou d'une automobile, d'un enfant qui fixe le photographe, d'un parterre de fleurs trop présent.
Je peux alors y aller. M'y installer depuis ma bibliothèque et être certain que si je fais le voyage, il ne sera pas ce que j'ai attendu, il ne sera pas un travail dirigé. Je veux dire que je ferai le voyage seul, sans un photographe pour me donner la main, pour pointer du doigt ce qu'il faut regarder ni qui il faut rencontrer.
Cette liberté m'est chère mais elle n'implique pas que je ne puisse pas aimer un autre type de photographie, celle qui se veut plus captive et prédatrice, celle d'une personnalité ayant quelque chose à dire de quelque chose à voir.
Dans ce porte-folio il est rare de voir les bâtiments de Ricardo Bofill, construction pourtant si photogénique. Ils ont renoncé à cette évidence, presque aux avances de l'architecture. Ils ont composé, rencontré et visé. C'est beau et émouvant.
Le porte-folio est édité chez BEBA en 1987. il ne faut pas oublier les textes de Harry Mathews et Valère Novarina pour lequel j'ai un attachement particulier, ayant réalisé à partir de son "Le drame de la vie" un travail lorsque j'étais étudiant aux Beaux-Arts de Rouen.
Voici : photographies de Batho.




Voici : photographie de Bricage.

Voici : photographies de Dityvon



Voici : photographies de Sieff.