samedi 29 août 2009

la flèche de Royan


Cette carte postale Combier en photographie véritable est une curiosité et un beau document en même temps.
D'abord pour l'objet photographié : Notre-Dame de Royan.
Ensuite pour l'état de celle-ci au moment de la prise de vue aérienne. La flèche (le clocher ?) n'est pas achevée.
Mais...
Et là c'est incroyable, si on regarde cette flèche on perçoit tout de suite une sorte de grain étrange, des points bizarres.

Puis à la loupe on comprend très bien. L'image est retouchée pour faire disparaître les échafaudages et reconstituer le dessin de cette flèche !
C'est assez inouï car cela a dû demander un travail d'une minutie incroyable mais il n'y a pas de doute c'est bien cela. Il suffit de lire l'effet juste au-dessus des pointes et on reconstitue parfaitement les échafaudages. Et cela sans logiciel de retouche cher(e)s ami(e)s lecteurs et lectrices ! Oui !
Il s'agissait certainement pour l'éditeur d'avoir une carte postale de l'église avant même son achèvement à proposer aux touristes qui n'auraient pas goûté une vue de chantier !
J'arrive aussi à voir une personne sur le toit et du matériel à ses pieds. Que j'aimerais un jour faire cette visite du toit de Notre-Dame de Royan. Il faudra que L'A.D.E.R organise cela !
Au pied de l'église on voit aussi un bâtiment de chantier en tôles ondulées.
La carte fut expédiée en 1959 et elle ne nomme ni Monsieur Gillet l'architecte ni Messieurs Laffaille et Sarger les ingénieurs. Quel manque de tact !
Admirons le logo aviation des cartes postales Combier.
Autre vue aérienne de Royan, bien plus récente expédiée en 1971. Une carte postale Théojac pour Iris en Mexichrome Mexi iiii chrome.



On voit bien Notre-Dame de Royan achevée et le casino. Tout Royan est là, pas encore détruit ou défiguré. Les arcades sont dégagées, le marché bien blanc et le casino présent...
La correspondante a marqué d'une croix la fenêtre de sa chambre d'hôtel. Elle est arrivée à 12h30, a fait bonne route et va jouer au casino. Mais signale d'un trait profond que la "cathédrale est en ciment" !
Mais Christiane ! Il ne s'agit ni d'une cathédrale (bel hommage à Monsieur Gillet) ni de ciment mais d'un beau béton pour une belle Notre-Dame.
Amusez-vous bien Christiane et misez tout sur le 14 pour moi.

un signe

J'ai acheté un lot de cartes postales.
Un peu à l'aveugle, un peu aussi pour faciliter les échanges avec mes rabatteurs auxquels je n'ai malheureusement pas toujours quelque chose à donner.
J'ai trié et si je n'ai pas découvert de raretés dans ce lot, il y a tout de même quelques petites choses amusantes.
En voici deux.
Il s'agit de cartes postales un peu étranges dans leur édition car imprimées sur un papier inhabituel, un peu léger. Elle sont en noir et blanc alors qu'à l'évidence elles sont d'une période où elles pourraient bien être en couleur. Il est donc ici question d'un choix photographique et graphique. Peut-être un rien nostalgique. Le photographe est nommé et c'est bien la seule chose avec la localisation qui le soit. Il se nomme Monsieur Marc Grosvalet. Les deux images semblent détachées d'un carnet ou d'un dépliant et furent envoyées pour... un concours en 1991.
Nous sommes à Villejuif dans les deux cas.

Ici au quartier du Lion d'Or qui semble un quartier pavillonnaire de banlieue assez banal comme on imagine la banlieue de Tardi. Petites maisons, petits jardins et le reste. Les ombres bien longues sur le chemin, le squelette de l'arbrisseau nous donnent l'hiver ou l'automne. Un début de printemps ?
C'est charmant mais le noir tire l'image vers une forme d'inquiétude, de menace aussi accentuées par la courbe se fermant en haut de l'image bloquant le regard.
Nous voici maintenant à la Z.A.C Paul-Bert.

Image très dure dans son contraste avec un premier blanc d'un noir profond qui se brise sur un cylindre de béton brut de décoffrage. Tiens tiens...
Au fond une architecture moderne organisée en cellules alternant balcons et loggias. On devine une placette avec des bancs et un arbrisseau là aussi un peu esseulé.
Il est difficile d'apprécier l'architecture, l'image ne tente pas de le faire mais joue avec comme un ensemble de valeurs et de géométries. Un désir d'abstraction ?
Il faut dire que l'architecte pourrait bien aider ce genre de vision car il s'agit là d'une œuvre de Madame Gailhoustet.
Si l'originalité de l'image et de son point de vue ne font aucun doute, on peut se demander si une lisibilité plus grande, une dureté moins affirmée et un cadrage moins radical n'auraient pas permis de saisir un peu mieux le talent très grand de cette architecte.
Il semble bien là que le désir de faire "image" ait pris le dessus sur une objectivité relative mais habituelle de la carte postale au profit de la tentation d'une œuvre plus personnelle et plus plastique. Il n'est pas ici question donc d'architecture mais de photographie.
Peut-être que Monsieur Grosvalet pourrait nous en dire plus sur ses objectifs et nous dévoiler le reste de ses images de Villejuif et l'origine de ce projet éditorial.