jeudi 3 septembre 2009

la rue


J'aime tout particulièrement cette carte postale.
Je vous explique.
Oui l'un des plus beaux bâtiments du siècle dernier y est représenté. Et c'est justement la place qu'il occupe dans cette carte postale qui me fait autant l'apprécier.
Presque une indifférence.
Le Centre Pompidou est là, dans la rue comme le reste.
Pas de regard tourné vers lui, pas plus signifiant que le reste de la ville. Même la couleur semble le mêler à la rue.
J'aime cette indifférence.
Il fait partie de la ville. Totalement.
Et puis une 2cv Citroën passe (5671 FW 92). Et le jaune de l'Opel (?) fait glisser l'œil sur la pancarte au beau logo de Monsieur Jean Widmer. Notre-Dame au fond, flou léger, semble immense et brutale !
Regardez comme elle écrase les immeubles hausmanniens !
C'est justice !
Je serai perpétuellement étonné de voir le Centre Pompidou. Toujours.
Et cette carte postale pourtant me dit à quel point il est dans la ville.
Une belle édition Chantal expédiée en 1991. Messieurs Piano et Rogers sont nommés.

finalement, Le Corbusier

C'est vrai que je vous montre relativement peu de cartes postales des œuvres de Le Corbusier.
Non point que j'en manque mais plus sûrement qu'une sorte d'évidence me pousse à penser que vous connaissez suffisamment son travail qui est, il est vrai, loin d'être inédit.
Il faudrait tout de même voir si des œuvres plus anciennes sont oui ou non représentées. La Cité Frugès par exemple.
Alors pour contrebalancer tout cela voici deux cartes postales d'une des œuvres les plus photographiées et éditées, la Cité Radieuse à Marseille.
Commençons.


Cette façade sud de la Cité Radieuse est assez inédite mais soulève plusieurs questions. Original en effet ce point de vue vertical pour un bâtiment en longueur qui nous dévoile le plus facilement sa grille que son pignon même si dans ce cas la grille s'y prolonge de manière implacable.
Une manière d'adoucir la brutalité de la masse en la faisant (oui Claude) fuir exagérément. On pourrait y voir ainsi comme une indépendance de cette façade qui semble se détacher comme un volume à part et faire bâtiment à elle seule. Je m'aperçois d'ailleurs de l'étonnant décrochement produit ici.
La Cité Radieuse est habitée car du linge sèche sur les balcons. Pourtant quelque chose me fait penser que peut-être le bâtiment n'est pas terminé. Ne devrait-on pas de cet endroit voir sur le toit les beaux volumes de l'école ou de la salle de sport ? Comment se fait-il qu'à ce point ils disparaissent écrasés par la fuite du volume ?
Mes amis photographes auront eux remarqué le flou très net (j'adore cette expression !) des derniers étages. La mise au point se barre alors que les lignes sont parfaitement corrigées et restent bien parallèles.
Ciel blanc uniforme et ombres ignorées finissent le cliché. La carte fut envoyée en 1961. Le Corbusier est nommé.
Nous voici sur le toit.



Les ombres ici s'accusent et les nuages arrivent vivifiant le vide des espaces.
Personne...
Personne pour aller et venir sur l'un des plus révolutionnaires espaces de l'architecture du vingtième siècle. Personne pour aller à la salle de sport, prendre le soleil, aller à l'école, marcher, courir.
Nous sommes à genoux sur ce sol, le photographe s'abaisse un peu. Certainement s'abrite-il du soleil dans l'ombre du parapet. (à gauche en bas de l'image). Je me rappelle avoir eu aussi ce geste là-haut.
On devine l'étendue du lieu grâce à une mise au point ici parfaite qui nous emmène au fond de l'image. Monsieur Xénakis n'est-il pas finalement le dessinateur de ce volume ?
Ces deux cartes postales sont éditées par "Voyagence" concessionnaire du service de visite, 31 la Canebière Marseille. Leur logo est un beau dessin.


Mais à quoi servait-il ? Visite pour se loger ? Pour visiter la maison du fada ? On notera l'appellation "unité d'habitation Le Corbusier ".
Il faudra répondre à ces questions.