dimanche 29 novembre 2009

de l'autre côté du pont


Il y a tout juste une semaine je vous proposais une vue prise sur le Pont de Neuilly. Je vous propose de voir ce qui se passe de l'autre côté du pont, sur notre droite en direction de la Défense.
Le photographe fait poser les immeubles sur le pont. Sous celui-ci une péniche passe et j'imagine parfaitement le photographe déclenchant la prise de vue avec jubilation car une péniche c'est bien pittoresque. En plus elle apporte une échelle à l'image.
Une petite moitié de celle-ci est donc occupée par la Seine et le pont qui constitue avec sa courbe une contre-indication formelle à la rigueur verticale des tours qui semblent pousser dans le vide urbain.
Un piéton habilement apporte un point rouge bien situé au raccord entre le pont et la tour. Il semble être la visée de l'ensemble de l'image.
C'est donc parfaitement composé et imprimé. C'est une belle carte postale. On modère la modernité par des arguments habituels de Paris : la Seine, la péniche, le pont. J'aime d'ailleurs aussi beaucoup comment l'ombre du pont engloutit et sectionne d'un coup la péniche. Chtac !
Cette édition d'Art Yvon est aussi très informative.
le verso nous dit : "La Défense"
Le Pont de Neuilly
Tour GAN (arch. MM. Abramovitz, Harrison, Kingsland, Bisseuil, Choppin de Janvry )
Tour ASSUR ( Arch. MM. Dufau, Stenzel, Dagbert)
mais la carte postale ne nous dit ni la date ni le nom du photographe. C'est dommage.


Dickinson à Montréal



Finalement cette carte postale pourrait être assez banale.
Une grande ville montre ses grands building aux parallèles redressées et au style international.
Nous sommes à Montréal, Canada mais nous pourrions être à Boston, New York ou Chicago. Certaines personnes ayant la chance de parcourir ces trois villes pourraient nous dire peut-être le contraire.
Mais ce qui fait l'originalité de cette carte postale tient dans un élément qui finalement est peu abordé dans ce blog. Il s'agit du texte de l'expéditeur.



Dans ce cas, d'une écriture extrêmement fine un correspondant nous parle de sa carte postale et de l'architecture.
En peu de mots certes mais c'est très rare de lire un intérêt pour l'architecture qu'il trouve "originale et variée" et surtout, oui surtout, il exprime un avis sur le photographe des cartes postales : " le même effort d'imagination guide les photographes pour cartes postales dans la recherche de paysages toujours renouvelés..."
C'est dans ma collection la première et seule fois ou un tel avis est donné.
Ce qui est assez drôle c'est bien que cette carte-ci ne présente pas d'originalité. Mais elle est par contre c'est évident d'une grande qualité photographique jouant avec le canyon du Boulevard Dorchester. Au pied de l'image mon œil se pose sur une gare routière où des bus type Greyhound en aluminium se garent.
Je ne peux, mais c'est aisé, m'empêcher également de rapprocher cette tour des tours jumelles du World Trade Center. Il s'agit bien du style international comme on dit de manière rapide pour exprimer d'implacables parallélépipèdes d'acier et de verre posés sur le sol comme des cubes d'un jeu de construction et faisant de la régularité parfois changeante de leurs façades le seul lieu de leur originalité. C'est le style "Tour infernale", celle pour laquelle il faudrait que toujours les architectes demandent leur avis aux pompiers comme le dit si bien un des personnages de ce film catastrophe. Faire des tours dont la hauteur maximale serait guidée par la hauteur maximale de la grande échelle des pompiers de nos villes... C'est là un bon sujet d'architecture.
Les architectes en seraient ici messieurs Dickinson Ross Fish et Barnet. La tour fut construite en 1962 et pour en savoir plus allez ici.
La carte est une édition R Canada, distribuée par Granger Frères et postée en 1966. Le tampon de la poste canadienne nous informe de la future exposition Montréal 1967.