dimanche 31 octobre 2010

un scénario pour Joachim



La Fiat 600 rouge vif était certes pratique mais finalement peu adéquate pour viser les plans possibles du futur long métrage au travers du petit pare-brise.


Pourtant Joachim avait bien entendu les dernières découvertes sur la perspective de Claude Lothier et avait cru en sa théorie que la langue hollandaise permettait de faire dudit pare-brise un élément de traduction pour... perspective.
Mais tout cela était un peu compliqué et pour le moment il était saisi, là, au pied de l'Hôtel de Ville de la Baule par ce mariage qui se déroulait juste sous ses yeux.


Il n'aurait pu rêver d'un tel hasard alors qu' il venait là en repérage pour voir comment allier cette architecture moderne et la scène finale de son film.
Il s'agissait d'une histoire à l'eau de rose assumant tous les clichés des films de Lelouch (et il y en avait !) avec ceux plus jubilatoires des sitcoms de TF1.
Il avait toujours voulu ainsi rire des plans et des langues de ces moyens de production surtout depuis qu'il avait entendu la productrice de l'émission Secret Story dire que celle-ci était, sans rire, un type d'écriture...
Joachim regardait tout à son aise la mariée et son époux, la blancheur de sa robe jouant avec la peinture de la Renault 16, chef-d'œuvre de Monsieur Charbonneau son designer.


Mais Joachim se demandait bien qui pouvait être l'architecte de cet Hôtel de Ville de la Baule. Il lui faudrait demander en rentrant sur Paris à ce type un peu loin qui collectionne à n'en plus finir les cartes postales de ce genre de constructions à la fois incroyablement belles et désespérément pompidoliennes.
Et ce type s'étonnerait à son tour que la Fiat fût immatriculée dans la Seine Maritime.
Joachim tourna autour de l'Hôtel de Ville, se réjouit de sa prise au sol comme sur une colline artificielle, du très beau vide central.
Joachim faisait ce geste si particulier des cinéastes qui croisent leurs mains devant eux pour imiter et penser leur futur cadrage.
Toute la scène se déroulait tranquillement avec le vrai jeu de la vraie vie toujours toujours, se disait Joachim plus belle et plus magique que le cinéma et cela dès l'apparition des enfants.
Mais lui, il n'aurait pas comme le photographe de cette carte postale Jack mis les pétunias au premier plan.
Il finit par avoir sa réponse : les architectes de cette merveille provinciale et institutionnelle étaient messieurs Durand et Ménard.
Le cliché était de Judic à Guérande.
Et c'était en 1976 que finalement Joachim avait fait ce voyage à la Baule.


si vous aimez le cinéma vous irez voir le blog de Joachim ici.

samedi 30 octobre 2010

construire, détruire les années 70

Voici deux cartes postales de deux grandes architectures des années 70 mais deux cartes postales de deux moments toujours palpitants de l'architecture, la construction et ... la destruction.
Ici il ne s'agit pas de la même construction prise au moment de ces deux étapes mais il n'est pas difficile de croire que je trouverai bien un jour une carte postale de la construction du Tripode de Nantes et une carte postale de la destruction de la Tour Montparnasse de Paris.
Même si pour cette dernière j'espère vraiment n'avoir jamais à publier une telle carte !
une construction :


Voici une carte postale étonnante nous montrant le chantier de construction de la Tour Montparnasse. Cette carte postale date très précisément la prise de vue du 20 mai 1971 mais étrangement ne nous donne pas de nom d'éditeur.
Elle nous offre également un tas d'informations :
Visite panoramique au 56ème étage, terrasse plein air au 59ème, hauteur de 209 m, 262 au-dessus de la mer, fondation à 70 m en sous-sol, poids de 120 000 tonnes, surface vitrée 39 000 m2 ouf !
Mais on sait également qu'il y aura 7 ascenseurs atteignant le sommet en 40 secondes. Les architectes de cette merveilleuse Tour Montparnasse (si si) sont messieurs Urbain Cassan, Eugène Beaudoin, Louis de Marien et Jean Saubot.
Le chantier est superbe et on voit parfaitement la tour de béton centrale naître.
Mais je regarde aussi la palissade de protection du chantier et je ne peux m'empêcher d'y voir comme un travail de Monsieur Dewasne qui avait signé la couverture de notre guide d'architecture contemporaine en France. Hasard ?
Goût de l'époque ?


Pour ne pas rester sur cette image impudique de notre Tour, je vous propose une vue de celle-ci achevée, belle et impressionnante et en plus une carte postale du grand photographe Albert Monier pour Théojac en Mexicrome :


Destruction :


J'avoue je ne pensais pas que je trouverais un jour ce type de carte postale nous montrant la destruction d'un immeuble.
Ici, il s'agit du Tripode de Nantes qui ne méritait pas cette fin funeste. Son architecte Jean Dumont avait fait là une œuvre forte et puissante bien dans le ton d'une architecture solidement ancrée dans le paysage, le générant même comme un très beau caillou construit. On trouvera ici de belles images nous montrant ses grandes qualités plastiques et sculpturales.
Il semble que l'amiante fut une raison suffisante pour sa destruction, si ce n'avait pas été ça on aurait bien trouvé autre chose...
Dommage.
Il est certain que ce patrimoine tombant sous les explosions de dynamite, faisant de beaux spectacles dont tout le monde semble se réjouir finira un jour par devenir un regret.
Alors les éditions de cartes postales deviendront le témoin funeste de ce manque de regard.
En attendant remercions les cartophiles des pays nantais qui ont cru bon de rendre ainsi hommage à ce bâtiment de l'architecte Jean Dumont (et non Jean Belmont comme je l'avais écrit, merci Philippe Piron !)
Car cette carte postale appartient à ce domaine de l'édition carthophilique qui édite ainsi pour des collectionneurs comme nous des images contemporaines. Celle-ci ne fut éditée qu'à 1500 exemplaires.
La photographie est de Monsieur Roland Babin dont je ne sais s'il appartient à ce club cartophilique.
Difficile de savoir s'il s'agit là d'un dernier hommage, d'un soulagement voire d'une indifférence à la construction. Il semble plus certain que l'objet de cette carte postale soit l'exploit technique de l'implosion et l'événement urbain et historique.
En effet on nous informe au verso de la date précise de l'implosion : le dimanche 27 février 2005 à 10h05 min, de sa durée de 13 secondes.
On nous informe aussi que l'implosion généra 20 000 tonnes de gravats à recycler.
Mais rien, pas un mot sur l'architecte.
Comme une honte stupide, un manque de tact.

mercredi 27 octobre 2010

Pour Sens, Un dessin de Claude Parent

Je me paye le luxe de faire à nouveau un rappel des troupes pour la défense du centre commercial de Sens dessiné par Claude Parent.
Vous savez que nous (Monsieur Parent, vous, et moi-même) tentons de faire classer au titre des monuments historiques le centre commercial dessiné par l'architecte dans cette belle ville de Sens.
Pour ce faire et au-delà des dépôts de dossiers, coups de fil, courriers divers, lobby amicaux, articles de presse dont Monsieur Parent et moi-même nous nous chargeons, je vous propose depuis quelque temps d'envoyer une carte postale pour soutenir cette démarche patrimoniale.
Déjà trois cartes postales furent éditées.
Je vous redonne ici pour le plaisir les trois versions de cette carte postale par ordre d'apparition !




La dernière est toujours disponible, il ne vous reste plus qu'à me la demander et je vous l'enverrai.
A votre tour, une fois remplie, vous la posterez et elle ira à la D.R.A.C Bourgogne soutenir le dossier. Merci.
Mais j'ai reçu un courrier de Monsieur Parent évoquant l'actualité de cette démarche avec en bas de page un dessin très drôle et bien dans la veine sarcastique de notre grand architecte.
On le voit prendre la tête d'une manifestation, drapeau de pirate à la main et dirigeant la foule sur son bâtiment pour le sauver.


Je suis dans cette foule. Et vous ?
Au-delà de son humour, de sa capacité à se moquer de lui-même, Monsieur Parent sur ce dessin nous dit bien quelque chose de son architecture.
Regardez bien...
Alors ?
Eh bien les manifestants sont sur le toit.
Toit, qui comme nous sommes dans la fonction oblique n'en est pas un. Ce dessin prouve la nécessité de pouvoir arpenter la construction, dans un cheminement allant du sol à son sommet.
Il s'agit de parcourir l'horizon de Sens.
Qui vient avec moi ?
N'oubliez pas de me demander votre carte postale.
Pour ce faire, vous allez sur mon profil en bas de page, sous la photo de ma trombine puis vous aurez accès à mon adresse courriel.
Ne vous reste plus qu'à me laisser votre adresse postale et hop! C'est fait. Simple non ? Et GRATUIT !

mardi 26 octobre 2010

Fernand, Philippe et Miguel

Ce matin Miguel Mazeri l'un de mes brillants collègues (oui il y en a) me conseille l'écoute de la chronique matinale de Philippe Meyer sur France Culture.
Ce dernier évoque la vie et le travail de Fernand Pouillon.
Une nouvelle fois je me retrancherai derrière un commentaire que je vous conseille vivement d'écouter et je vous propose le peu de cartes postales en ma possession sur l'œuvre pourtant magistrale de ce grand architecte.
Merci Miguel pour cette piste (sonore...), Merci Monsieur Meyer pour ce réveil architectural et merci Monsieur Pouillon pour votre travail.
On y va :


Boulogne-Billancourt, ensemble Samson, Point du jour.
une édition Abeilles-cartes expédiée en 1967. L'architecte et le sculpteur ne sont pas nommés.


Meudon la Forêt
Le lac et les immeubles-le bassin-la roseraie.
Une autre édition Abeilles-cartes pour Lyna.
L'architecte n'est pas nommé.
Un détail :


lundi 25 octobre 2010

des retrouvailles spatiales

Je vous rappelle que si vous voulez dormir dans une base avancée extraterrestre vous pouvez aller là :


Je viens en effet de retrouver une carte postale de l'Hôtel Tambau à Joao Pessoa au Brésil.
Nous avions d'un peu loin déjà vu cet hôtel ici.
Au dos tapée à la machine cette phrase mystérieuse :


Pour mémoire l'architecte de cette merveille spatio-temporelle est Sergio Bernades.

mourir chez Bofill

Georges Frêche a qui l'on doit le quartier Antigone de Montpellier est mort dans son bureau ici je crois :



Il aura donc profité jusqu'au bout de ce morceau de ville incroyable que nous devons à Ricardo Bofill et le Taller de Arquitectura.
Est-ce que mourir là change quelque chose ?



dimanche 24 octobre 2010

Le Corbusier, intérieur.

Parfois c'est bien aussi d'être à l'intérieur.
Voici encore trois occasions de visiter l'architecture de Le Corbusier, de comprendre peut-être par l'image comment on vit cette architecture, comment on l'habite.

D'abord deux cartes postales du Couvent des Dominicains d'Eveux qui nous montrent une cellule de l'établissement :


Cette carte postale Combier est de 1963 datée par l'éditeur et par le cachet de la Poste, elle est donc contemporaine de l'architecte.
On est immédiatement saisi par le vide des lieux, la rudesse surtout accentuée par le vide de la bibliothèque, vide dont on ne sait s'il s'agit d'un moment particulier ou d'une décision de neutralité comme pour un appartement témoin. Difficile de croire en voyant cette image que cette cellule est effectivement occupée. On la dirait bien plus en attente de visites, des regards de voyeurs de passage.
Elle offre un sentiment étrange entre abandon et non-occupation qui tire la construction vers une froideur que ne réchauffe que difficilement la polychromie des huisseries et le rouge du rideau.
Il fait... un peu froid.
Le flash du photographe étire des ombres vers l'extrémité de la pièce et on devine un jour à peine levé ou au coucher formant un rectangle bleu parfait monochrome de Klein.
Je suis à la fois complètement attiré par ce silence et en même temps un peu réticent comme s'il me faudrait vite remplir la bibliothèque et faire avec mon corps un creux dans le matelas du lit.
Il va se soi que je ne pourrais pas laisser le Christ ainsi accroché mais je ne pourrais pas non plus l'abandonner dans un coin. Il me faudrait lui trouver une place digne mais hors de mon regard. Difficile...
On s'étonnera du téléphone sur le mur. Le Dominicain a-t-il le droit de faire des appels, d'en recevoir ? Est-ce surtout une communication intérieure ?
Le mobilier est à l'avenant, d'une simplicité monacale : une chaise, rien qu'une chaise.
Une table, rien qu'une table. Pas de démonstration moderniste d'un design trop tape-à-l'œil de sa modernité. Tout le design est dans le lieu, son espace, ses dimensions et son vide traité comme un luxe suprême, celui de ceux qui vivent dans ce superbe détachement.
Je les envie. Oui.
Une lampe noire fine n'éclaire qu'un petit bol de porcelaine blanche et un livre ouvert. Ma main peut sentir la douceur du bois de la table et le grain épais du crépis du mur. La nuit tombe. Il faut dormir.

Dans la chambre d'à côté :


Sur cette carte postale, toujours chez Combier, le jour est levé et éclaire seul la pièce formant à son tour un rectangle blanc dans la fenêtre. Le sol brille de propreté et la porte est ouverte.
Quelqu'un habite ici.
J'en suis certain. Un certain désordre derrière le bureau et une minuscule plante verte prouve que dans cette espace une vie s'organise. Et puis la bibliothèque est pleine d'un léger mais humain désordre.
On devine le livre de poche d'Elie Faure sur la peinture moderne.
On retrouve la lampe et le téléphone mais le bureau est bien plus sophistiqué avec une planche sur un pied qui se déploie. On regardera l'espace restreint que cela produit entre la bibliothèque et le bureau...
Le lit et la bibliothèque sont bien rustiques, faits de planches de pin. Qui les dessina ? Le Corbusier lui-même ou, dans leur superbe simplicité le menuisier du village ?
Là aussi aucune image sur le mur, même pas une image sainte comme si la qualité de son grain en faisait dans sa simplicité le plus beau décor. Il s'agit aussi d'un lieu de recueillement et ce silence des murs est un écran aux pensées.
La carte postale est de 1966, nous indique le nom de Le Corbusier et que le couvent fut classé monument historique en 1965.

un autre lieu de recueillement :


Nous sommes au salon, dans la Cité Radieuse de Marseille en 1958. Cette carte postale Ryner nous montre bien que finalement l'architecture contemporaine n'oblige pas ... au design contemporain !
Et finalement c'est tant mieux. Mais le rêve moderniste se brise tout de même un peu contre l'écran de cette télévision si moderne à l'époque posée sur un pied en fer forgé très travaillé !
Le fauteuil brille de tout son vinyle mais le reste trouve sa place. Le philodendron qui me fait toujours penser à Matisse, la lampe au pied noir et bulbeux et le bouquet de fleurs un peu fatigué sont dans le goût de ces années-là.
Mon œil essaie de comprendre le fil de la télévision et son branchement. La mollesse de ce fil pendouillant ainsi m'intrigue à l'infini.
Pour finir le décor, un morceau de radio dépasse avec son antenne à gauche et un réveil indique 7h40.
Pourtant les rideaux tirés sur la façade ouest laissent passer un soleil sous la forme d'une barre blanche éblouissante. Un Soleil du soir, vu l'heure, peut-il être aussi fort à Marseille ? Difficile à imaginer pour moi qui vit au Nord.
A moins que ce réveil ne soit qu'un décor, arrêté à tout jamais sur son heure.
Le correspondant écrit " Chez un ami rédacteur de l' Energie Française nous sommes dans la Cité Le Corbusier, confort absolument remarquable."
Qui est ce rédacteur, est-ce vraiment son appartement ?
Je ne crois pas mais c'est certain, c'est un homme de goût et de confort...

samedi 23 octobre 2010

la Perspective, persistons.


Claude Lothier continue de prendre position et de développer ses théories sur la découverte de la Perspective.
Car, oui, la Perspective est une découverte, pas une invention.
On sait la place importante de la perspective dans les modes de représentation de l'architecture, la constitution de son image.
Il suffit de regarder par exemple le soudain attrait de l'axonométrie par les architectes modernes au début du siècle précédent.
Alors pour mieux saisir nos images d'architecture, pour mieux faire fonctionner nos machines à voir naturelles ou artificielles, mieux jubiler du déploiement des espaces lors de nos visites de villes et de paysages je vous conseille de suivre la conférence de Claude Lothier disponible ici.
Il est éloquent et très clair mais cela nous en avons l'habitude.
Invitez-le.

pépites françaises

Aujourd'hui quatre constructions françaises.
Certaines que nous connaissons déjà et d'autres non.
Toutes les quatre offrent une certaine radicalité formelle.
Commençons par cette très étonnante carte postale de Servières-le-Château en Corrèze :


C'est beau non ?
J'aime tout particulièrement comment le photographe est allé caler la ville ancienne au fond à gauche de l'image.
Le Lazaret du préventorium offre une belle singularité. Ce disque suspendu sur un niveau offre des fondations jouant avec les pierres du village.
Il est moderne et franc sans écraser ce qui l'entoure. Il doit offrir une bien jolie vue sur tout le village comme un cinéma à 360 degrés.
Malheureusement la carte postale Combier ne nous donne pas le nom de l'architecte de cette petite chose bien sentie. C'est dommage, il le méritait.
Voilà en tout cas une petite construction bien menée qui fait aussi partie des plaisirs de l'architecture moderne française.
Beaucoup, beaucoup plus gros :


On connaît bien sur ce blog ce Palais des Sports de Saint Nazaire. La carte postale SECA nomme la construction " la soucoupe" du parc des sports !
Le photographe joue du reflet et des branchages cherchant à tout prix un point de vue... bucolique.
Mais l'extraordinaire masse résiste et nous offre certainement l'une des constructions les plus emblématiques d'un brutalisme à la française que nous aimons beaucoup.
Les architectes de cette merveille sans concession sont messieurs Longuet, Rivière et Vissuzaine. Merci encore et merci aux coffreurs.
Une vue multiple :



A Péronne dans la Somme, on pouvait grâce à cette carte postale voir combien la ville était moderne. Les éditions Mage nous montrent les nouveaux quartier du Mont-St-Quentin, la salle des sports et surtout une belle piscine Tournesol de Monsieur Schoeller. Toujours aussi magnifique. La carte postale fut expédiée en 1985.

Attention !
Certainement l'une des constructions que j'aime le plus dans mes cartes postales :


J'ai déjà publié une carte postale de ce petit immeuble des V.V.F ici. Vous verrez, le point de vue est quasi similaire.
Une nouvelle fois je ne peux que saluer l'effet sculptural de la construction, son sens des volumes.
La prise au sol est magnifique, regardez le volume de l'entrée avec la passerelle à droite. Et l'escalier...
Non vraiment Monsieur Claude Marty son architecte a fait ici à Saint-Jean-de-Monts une belle œuvre. Je ne sais pourquoi, j'y vois toujours aussi quelque chose de japonisant, c'est certainement dû aux triangles et petits décrochements genre pagode.
Comme quoi une petite construction peut offrir une vraie joie formelle et architecturale. On sent que Monsieur Claude Marty s'est fait plaisir et cela soutenu par les V.V.F qui, je le redis, savaient à l'époque oser l'architecture contemporaine.

Avec ces quatre cartes postales, on peut voir que la France dans des opérations modestes ou plus spectaculaires regorge en régions de pépites architecturales qu'il faudrait savoir regarder aimer et sauver.
Elles sont déjà le visage patrimonial de notre pays
Ouvrons les yeux .
le Comité de Vigilance Brutaliste veille...

vendredi 22 octobre 2010

Rafael Cazorla, Postales inventadas !

Il y a quelques jours, alors que je cherchais je ne sais plus quoi, je tombai sur le blog de Rafael Cazorla.
http://postalesinventadas.blogspot.com/
Mon sang ne fit qu'un tour car j'étais devant une sorte de reflet américain de mon propre blog. Des cartes postales d'architectures contemporaines et modernes présentées avec un texte jouant d'une fausse correspondance à travers laquelle Rafael nous donne des informations sur les bâtiments présentés. Allez vite voir c'est superbe !
La ressemblance avec mon blog est vraiment, dans l'esprit, incroyable.
Je décidai immédiatement de faire de Rafael un ami.
Après quelques échanges par internet, je lui ai envoyé quelques cartes postales de ma collection, là-bas en Californie à San Francisco.
Et il se trouve qu'en retour hier je reçois cela :


Pour voir un tout petit mieux je vous propose de voir la Donation Rafael Cazorla en entier avec ses propres commentaires en anglais.
Régalez-vous :


Van Nelle's Fabriek. An important example of Dutch Nieuwe Bouwen built between 1927 and 1929. By Brinkmann, Van der Vligt and Mart Stam.


Openluchtschool, Amsterdam. A wonderful Dutch Nieuwe Bouwen building completed in 130 By my Beloved Jan Duiker


Breslau jahrunderthathel- This reinforced concrete structure was built in Wroclaw in 1913 to commemorate the 100th anniversary of victory over Napoleon. At the time of construction it was the largest reinforced concrete structure in the world. With the large circular central space it seats 6000 persons. The dome is 23m high and made of steel and glass. The Jahrhunderthalle became a key reference for the development of reinforced concrete structures in the a 20th century. Architect Max Berg.


Temppeliaukio Church in Helsinki. This Church was designed by architects and brothers Timo and Tuomo Suomalainen, and opened in 1969. You probably know about it... Yes Rafael !


Boston City Hall. Built in 1967 at the height of the Brutalist architectural style, it is a fantastic work by American architect Paul Rudolph.


The Edificio Copan (Copan Building) is a 140 metre, 38 story residential building in Sao Paulo, Brazil. Construction began in 1957 and completed in 1966. It is one of the largest buildings in Brazil and has the largest floor area of any residential building in the world. Oscar Niemeyer at his best !


The Guggenheim Museum of NY, F.LI. Wright, 1959.


The San Francisco Museum of Modern Architect, Mario Botta 1995


The National Gallery of Art, Washington. the building's most dramatic feature is high atrium designed as an open interior court by I.M. Pei in 1978


The Cathedral of Our Lady of the Angels. Los Angelos, Caifornia. great building by Rafael Moneo (2002)


CCTV in Beijing by Rem Koolhaas (2008)

Hope you like them.
Rafael.
Oui Rafael nous avons beaucoup aimé ce voyage et merci encore et encore.
Nous trouverons d'autres moments d'échanges !
Bien à toi !

jeudi 21 octobre 2010

les enfants de Sarcelles

Dans mon dernier message, je soulevais une nouvelle fois la question du droit à l'image et du vide d'animation que cela produit dans les nouvelles images et nouvelles cartes postales.
Pour vous montrer combien cette question était absente chez les éditeurs de cartes postales des années 60 (et antérieurement) voici un bien joli exemple :


Nous sommes à Sarcelles-Locheres au centre commercial N°4 grâce à une très belle carte postale des éditions Leconte pour Guy éditeur.
Pas de doute, cette carte postale fut certainement éditée avec l'accord et sur la demande de la librairie et maison de la presse visible sur cette image.
Ce commerce est bien trop cadré pour qu'il s'agisse d'un hasard.
Mais le hasard lui nous permet de voir les enfants de Sarcelles.
Ils sont là, jouant dans la fontaine éteinte et vide, attendant peut-être papa ou maman, ou la voisine partie acheter le journal, Mademoiselle Âge Tendre ou Ici Paris pour voir les photos de Johnny en militaire.
Finalement on voit peu l'architecture de Sarcelles, on comprend tout de même le réseau de boutiques sous un préau fin.
On devine l'envie d'une proximité, là en bas des immeubles tout pour faire ses courses.
Mais aussi, il faut l'avouer ce qui tient cette image c'est bien la présence de ce groupe d'enfants seuls.
Ils sont très jeunes mais on devine assise une fillette un rien plus âgée.



L'allure du garçonnet est vraiment drôle avec sa casquette à visière en mica que je ne sais pourquoi je rêve bleue et ses mains sur les hanches.
Quand au petit short à bretelles c'est vraiment marrant.
Les filles sont très classiques avec jupes à plis qui me font penser aux demoiselles de Rochefort.
Les dames à gauche vont acheter de la laine pour tricoter les petits pulls.
Tout est calme, serein.


Et mon oeil glisse sans fin, rivé sur ma loupe, dans les méandres de la vitrine de la librairie. On devine des affichettes pour la fête des pères.


Des stylos, des livres, des briquets Silver-Match, des coffrets sont là pour donner des idées de cadeaux pour offrir à Papa.


Une recherche rapide m'apprend que Johnny Halliday fut incorporé dans son régiment en mai 1964. Donc la date de la prise de vue est juste avant le 15 juin 1964 !
Mais étrangement, l'élément qui me frappe le plus est un tout petit détail.
Posé sur le mur, en attente d'une croûte de pain tombant d'un panier, un petit oiseau qui me semble bien être une mésange attend patiemment.
Son isolement fait tout mon intérêt comme la fragile rencontre.
J'ai l'impression stupide qu'il pourrait bien être encore à Sarcelles.
Je suis certain en tout cas, qu'il aura appris à sa descendance que depuis ce point de vue, non seulement on trouve facilement à manger mais aussi parfois on a droit au spectacle d'un photographe immortalisant dans un instantanée superbe, un moment de vie d'un des plus grand et emblématique grand ensemble.




mardi 19 octobre 2010

BMC 2, une carte postale.

C'est vrai que ce blog, par l'objet même qu'il explore, ne nous permet que rarement de voir de l'architecture réellement contemporaine (moins de 10 ans).
Alors voici une carte postale étonnante car faisant la promotion d'une crèche réalisée par le cabinet d'architecte BMC 2 en 2005.


D'abord l'objet :
Une vraie carte postale avec au recto une photographie d'une construction. Au verso, un titre et une localisation, la crèche du jeu de l'oie à Versailles ; on nous donne le nom du photographe, Monsieur Jean-Marie Monthiers.
Sur une séparation verticale entre correspondance et adresse on trouve les noms des architectes messieurs Arnaud Bical, Laurent Courcier, Remi Martinelli-architectes. C'est inscrit !
Il y a même l'adresse : 15 rue Martel à Paris 75010, le téléphone : 01 53 34 03 36, je vous épargne le fax, et l'adresse courriel je vous la donne : bmc2@wanadoo.fr
C'est donc bien complet. Sont imprimées les lignes pour l'adresse et le timbre.
Donc une vraie carte postale soucieuse d'informations concernant les architectes et les manières d'entrer en relation avec eux.
Une carte postale publicitaire certainement éditée pour diffuser le travail de cette équipe.
Comme aucune information n'émane ni de la crèche, ni de la Mairie de Versailles il ne s'agit pas d'une carte postale municipale, ni d'une carte postale pour tourniquets de Maisons de la Presse car il n'y a pas de nom d'éditeur.
Il me faudra entrer en contact avec les architectes pour comprendre leur choix de ce mode de diffusion qui, s'il nous réjouit ici, est peut-être une peu étonnant aujourd'hui.
Mais nous savons nous aussi jouer de ça...
Certainement un petit plaisir éditorial de l'agence qui nous donne à nous ici beaucoup de joie !

L'architecture :
Visible uniquement par la photographie de Monsieur Monthiers, nul doute que ce fut un choix bien décidé avec les architectes et donc une image qui doit nous dire beaucoup de choses de cette construction.
D'abord une frontalité mettant en avant le jeu des horizontales contrariant un rien le choix d'une carte postale en positon... verticale !
Il y a là un plaisir au cadrage, une manière de caler la construction, de jouer de sa géométrie très dure.
La bande de ciel en correspondance directe avec la largeur des bandeaux de façade ferme pourtant l'image, voulant que le bâtiment entre pleinement dans son cadre, utilise au maximum la surface de la carte postale.
Il est question ici de nous montrer surtout le jeu réussi des couleurs assez étranges surtout posées sur les stores qui semblent bien être LA particularité mise en avant.
Formant une alternance ombres-couleurs et une autre horizontales-diagonales la façade laisse peu lire les fonctions.
On devine à peine le jaune pourtant vif des gardes-corps.
Le photographe a aussi joué de l'ombre d'un arbre sur le sol comme d'une reprise des motifs sur les stores. Tout cela semble vouloir aplanir l'ensemble dans un réseau coloré, une surface égalisant le sol, le ciel, le bâtiment.
Seul détail révélant la fonction de la construction : les jeux des enfants.
Il est sans doute impossible aujourd'hui de produire une carte postale avec des enfants dans le cadre avec nos stupides restrictions du droit à l'image. On imagine les complications de demandes d'autorisations parentales pour que le chérubin puisse apparaître sur la carte postale !
Donc la crèche est vide...
Comment dire les cris des enfants dans la cours, comment dire les activités, les joies, bref l'animation ?
Avec dans le cadre de l'image, les jeux des enfants abandonnés. Tristesse...
On a tellement l'habitude sur ce blog de voir l'animation des enfants sur les jeux dans des cartes postales plus anciennes qu'ici c'est un peu dur. Mais les architectes et le photographe n'y peuvent rien. C'est notre époque...
Que voit-on du bâti ?
Un immeuble sur trois niveaux identiques aux larges ouvertures disant son désir de lumière ; cette lumière certainement parfois un peu drue est parfois diminuée par des stores largement dimensionnés dont on a déjà évoqué la qualité décorative et l'animation de la façade qu'ils procurent.
Il est question aussi certainement d'atténuer la rigueur un peu froide (ou bien plus certainement la peur de cette rigueur) du métal et béton d'ailleurs ici très beau par exemple sur le volume du toit.
Là aussi, on devine une terrasse aménagée et utilisable pour les enfants (?).
Les photographies sur le site des architectes nous révèlent bien mieux les plans de l'ensemble et on y découvre un très grand sens de la couleur. C'est, oui, très beau.
Alors une fois de plus si une image n'est pas une visite, elle reste un point de vue. ce point de vue lorsqu'il est à ce point celui des architectes peut permettre d'apprendre beaucoup sur leur propre représentation de leur architecture et finalement sur la manière dont elle devrait habiter la ville.
C'est donc à la fois dans ce cas trop peu pour voir et juger la construction et déjà beaucoup sur le sens du travail de l'agence BMC 2.

lundi 18 octobre 2010

Swann Bourotte, american trip

Swann Bourotte est un ami.
Il est designer de talent.
Il revient d'une grande balade à travers les U.S.A dans un camping-car digne de vos plus beaux rêves.
Dans sa traversée, il a cru bon de temps en temps de penser à moi en achetant de-ci de-là des cartes postales.
Il en a acheté beaucoup ! Et cela forme une donation Swann Bourotte dorénavant dans ma collection.
On y retrouve toutes les qualités de la Boring Postcard de Martin Parr.
Des avenues à l'horizon lointain, des Motels colorés au luxe tapageur et au parking presque vide et aussi quelques monuments architecturaux plus marqués.
Stephen Shore y retrouverait ses cadres, Little Nemo ses cauchemars, les frères Cohen leurs décors.
Je vous propose une petite sélection.
Nous commenterons peu, les images parlent d'elles-mêmes.
Et nous n'oublierons pas de remercier Swann pour ce voyage par procuration.
C'est parti, montons dans le camping-car avec lui !


Burns Oregon, K éditeur
Capri, In beautiful Vancouver by Grant-Mann Lithographers !
Howard Johnson's, Host of the Highways, Lusterchrome


Hi-way Motel, Portage la Prairie's lagest Motel.
La carte nous indique qu'il y a de l'eau chaude, la télé gratuite dans chaque chambre, Kitchenettes en nombre, des douches ou des bains... la croix dit l'emplacement du correspondant...


Shrine of the Missionaries at Night.
Is a beautiful tri-tower structure connected 21 stories above by three-level observation platforms.
C'est beau non ?
Malheureusement pas de nom d'architecte pour ce belvédère brutaliste.


Dunes hotel, Las Vegas Nevada.
L'architecte serait Monsieur Milton Schwarz. On remarquera surtout le beau volume sous arches en bas à gauche de l'image.


The new 25 story aluminium and glass First National Bank building, Memphis, Tennessee.
Plastichrome.


Holyday Inn, Winsto-Salem North Carolina


United Nations-Nations Unies
Œuvre commune d'architectes, œuvre pour la paix mondiale qui contribuera à... la fâcherie entre les architectes (Niemeyer et Corbu...) pour déterminer qui en est le créateur !


A monument to Peace, A chapel in the International Peace Garden on the Manitoba and North Dakota Border.
J'aime beaucoup cette carte postale et même si le bâtiment est finalement peu lisible, ce qu'il laisse sur l'image reste très intéressant. Surtout la manière qu'il a de se faire pénétrant dans le paysage notamment par les deux murs qui vous guident vers l'entrée.


Moose Jaw, Saskatchewan, Canada Main Street.
Le photographe ? Mister Joe Fartak.


Civic Auditorium 18th et Capitol Avene Omaha, Nebraska.
La photographie est de Larry Witt.


Seattle Public Library
Le commentaire de la carte postale commence par le coût financier... 4, 5 millions de dollars !
Puis on apprend qu'il y a 1 million de volumes soit 4, 5 dollars par volume, finalement c'est peu !
Cette bibliothèque fut remplacée par une construction de Rem Koolhaas.


Kennewick, Washington.
This is a beautiful combinaison of colorful concrete canopies, attractive foliage and progressive business in one of the most active communities in the "fun in the sun country".
Le photographe est Dennis L. Dilley.


Round-up Motel, West Yellowstone, Montana.
Photographie par L. L. Bunnell.
Sunset Terrace Motel
U.S. Route 60.


Joe Mackie's star Broiler
restaurant and Casino
Photographie de Louis Roberts.

C'est avec cette nuit tombée et allumée de néons vigoureux que nous quitterons l'Amérique du Nord.
La dureté de la direction du van dans les bras, le pincement léger mais persistant dans le bas des reins, il faudra se garer et dormir.
Demain reprendre la route.