dimanche 10 juillet 2011

enfantina du logement social

Et si je vous parlais de deux livres pour enfants qui donnent bien une idée de la perception des grands ensembles et de la ville par les auteurs d'ouvrages consacrés à la jeunesse et tous les deux publiés chez le même éditeur : la Farandole
Premier exemple avec ce petit livre de Andrée Clair et Bernadette Després qui s'appelle Nicole au quinzième étage.


Ce livre fut édité en 1969.
D'abord je fus séduit par son dessin , ses qualités graphiques. Bernadette Després joue la proximité avec un dessin d'enfant, une naïveté très construite qui s'amuse tout particulièrement de la hauteur de la tour en nous proposant des plongées et contre-plongées d'une belle facture.
C'est aussi un livre très "blanc" laissant beaucoup d'espace à la page et ne fermant pas son dessin dans une surcharge matérialiste. La ligne est en avant.
Mais ce qui est très intéressant dans ce livre c'est bien aussi la position des auteurs vis-à-vis de ce genre d'objets architecturaux. Ici pas de doute il s'agit d'une ode aux nouveaux ensembles. La petite fille Nicole quitte son appartement serré dans une cour fermée pour gagner en confort (moderne) dans son nouveau logement. On imagine le nombre d'enfants ayant eu ce livre pour admettre le déménagement vers les nouveaux quartiers !



Mais finalement, c'est assez juste. Le ton est simple, les avantages du nouveau logement sont bien expliqués même si la maman reste un peu une maman modèle. On a même droit à un plan du logement ! Il faudrait retrouver le modèle !



La petite Nicole regarde le monde depuis son nouveau point de vue en hauteur et semble bien profiter des effets visuels. La nuit qui tombe par les fenêtres de sa chambre ressemble bien à celle de Van Gogh !


Un autre exemple qui contrarie un peu le premier.
Il s'agit du livre La Tour part en voyage de Jean Garonnaire.


Le parti-pris est très différent car ici c'est la tour elle-même qui est l'héroïne de l'histoire. Elle devient un personnage qui exprime ses désirs. Et quoi ?
Son désir c'est de... quitter la ville et les autres constructions parce que vraiment la ville ce n'est pas bien.


Les enfants au pied de la tour sont enfermés derrière des grilles et il n'y a pas de nature...
Pour partir, c'est drôle, la tour demande aux voitures de l'emmener dans la campagne !


Alphonse Allais serait ici ravi de voir ainsi la ville à la campagne !
Au milieu de la forêt le jour se lève enfin, les habitants de la tour se réveillent, c'est merveilleux partout la nature, les animaux et puis les habitants mettent des rideaux avec des couleurs...



On est en 1974...
On pourra rire un peu (beaucoup) de cette image de la tour d'habitation. D'ailleurs le dessin lui-même de la tour est vraiment pathétique mais enfin Jean Garonnaire ne fait qu'exprimer d'une certaine manière le désir d'idéal de certains architectes réfléchissant sur la manière de faire jouer nature et construction. Dommage que cela passe par une histoire aussi... poétique !
Il ne manquait pas pourtant à l'époque d'exemples à mettre en avant d'architectures jouant une relation étroite entre paysage, nature et jardin.
Et puis à la dernière page l'auteur nous apprend que : ..."des plantes se sont accrochées partout à son béton et la font paraître plus jolie..."
"...les papas vont toujours travailler mais en voiture c'est vite fait (sic !), et le soir ils sont contents d'entendre chanter les oiseaux et de sentir les fleurs."
On remarque deux choses : les autos sont l'instrument libérateur de l'architecture vers la nature (!) et les antennes de télévision restent tout de même accrochées au sommet de la tour une fois celle-ci à la campagne !
Donc... pas si libérateur que cela...
Une époque je vous dis, tout une époque...
Voici pour finir la tour libérée !


puisque c'est dimanche...

... je vais réunir ici quelques petites architectures religieuses du XXème siècle posées dans la banlieue large de Paris.
On verra la diversité des formes, des matériaux et des plans.
On verra que les éditeurs de cartes postales ont toujours estimé que l'église dans son quartier est un objet d'identification à un lieu, une reconnaissance.
On verra que, malgré leurs grandes différences, toutes ces églises possèdent de vraies qualités architecturales, qu'elles sont en quelque sorte l'écho simple mais abouti des tendances architecturales de leur époque.
On verra également qu'il est difficile parfois d'identifier le ou les architectes à l'origine de ces formes.

Voici :


La chapelle Saint-Paul est à Nanterre. une fois de plus ce goût évident pour l'élancement. Il convient souvent ainsi pour faire "église" que le bâtiment dans un geste audacieux s'élève vers les cieux. Ici la double courbure du toit fait l'architecture et s'oppose à merveille avec les constructions alentour. Il s'agit de faire signe, de se déterminer contre l'architecture environnante, de jouer un écart plastique. C'est réussi. La carte postale est une édition Abeille-cartes pour Lyna. Au crayon est indiqué au dos : août 75.

et :


L'église Sainte Geneviève de la Dame Blanche est à Garges-les-Gonesse. Elle offre courbes, contre-courbes dans ce qui semble une construction de briques. Ici encore tout semble vouloir mettre en avant la montée vers le ciel. C'est de ce point de vue assez expressionniste, un rien compliqué. Mais cela me fait immanquablement penser à Michellotti. (un peu...)
Une fois de plus l'église joue en contraste avec l'ensemble de logements en arrière plan que le photographe des éditions Iris sait placer judicieusement.

puis :



Voilà une bien belle chose. Nous sommes à Colombes devant l'église sans patronyme...
Pourtant c'est assez simple il s'agit de l'église St-Bernard.
Grâce à l'ouvrage excellent Eglises modernes de Suzanne Robin je peux même vous donner le nom de l'architecte. Il s'agit de Monsieur Pottier. L'église date de 1965.
J''aime tout particulièrement cette église et cette image. La symétrie donnée par le lampadaire doit y être pour beaucoup. Mais sans ironie, on ne peut que souligner la simplicité efficace de ces courbes qui se relient.

enfin :



Que dire ?
A n'en point douter il s'agit là d'un chef-d'œuvre d'une grande radicalité formelle.
Nous sommes à Athis-Mons devant l'église.
Je n'ai malheureusement rien pu trouver sur cette église. Aucun de mes nombreux ouvrages ne fait allusion à ce beau bâtiment d'une grande et superbe simplicité.
Bien évidemment la séduction de cette carte postale Combier vient des couleurs et du matériau qui recouvre la totalité de l'église et forme une sorte de boîte grise égale. On remarque que l'ensemble est tout de même posé sur un petit socle. Regardez comment ce bloc est ouvert, comment cela accentue encore son mystère. Retirez la croix de béton rejetée à l'extérieur et vous serez devant un hangar, une PME.
J'aime vraiment beaucoup cela. Sans doute que l'intérieur doit être tout aussi saisissant...
Surtout si vous avez des informations je suis preneur !

Je vous rappelle que l'église c'est avant tout l'assemblée des fidèles.