samedi 7 juillet 2012

couleurs franches, architecture franche

























Je pourrais aussi bien faire semblant de ne pas voir.
Vous parler de l'architecture remarquable de ce Rathaus de Kaiserslautern par le Professeur Roland Ostertag, dire mon admiration une fois encore pour les monstres fiers et radicaux. Vous chanter la poésie du béton monolithique coulé en tonnes dans des coffrages de bois sur des structures métalliques arachnéennes.
Je pourrais aussi bien vous dire mon trouble devant les ombres menaçantes et impassibles à nos vies, de ces tours, délires puissants de mégalomanie utilitaire, je pourrais bien dire aussi la régulatité poétique d'une façade striée, de volumes en décrochés, d'un gris parfait.
Mais mon œil ici rencontre un obstacle de poids à mon habitude : la couleur.
Et le chatoiement acide des automobiles populaires me ramène à une jubilation pour les carrosseries de ma jeunesse.
La Renault 4 est solide à ces nostalgies, celle par exemple des mains fines et grandes de mon père sur son volant gracile. Son rouge tente de pâlir l'orange germanique d'une Coccinelle VW. De ces voitures à propulsion je ne sais rien d'autre que le peuple allemand poussé par le cul dans une automobile voulue par un type pas très sympathique. Comme quoi le design trompe son monde. Mais là, dans cette image, je ne vois que les couleurs. Du bleu, du orange, du rouge du vert... Où sont passées ces couleurs sur nos automobiles ?
Mais revenons à la carte postale, à cette image. Placer ainsi le parking au premier plan d'une carte postale qui vise ostensiblement cette construction n'est pas un hasard. Il ne fait pour moi aucun doute que le photographe des éditions Michel and Co de Frankfurt essaie ici quelque chose que je pourrais rapprocher des manières diverses de fleurir les premiers plans !
Disons que les couleurs des autos servent de géraniums et de pétunias à cette carte postale. La joie par les couleurs des carrosseries. Et le contraste fonctionne parfaitement, mettant en doute la parole de Raymond Depardon sur les automobiles qu'il chasse de ses images.
Si elles forment un repère temporel évident, elles ne sont pas des témoins gênants aux époques de nos vies mais au contraire, toujours une source vive des qualités du Monde à un moment précis et en un lieu précis.
Il n'existe pas de neutralité.

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