vendredi 6 juillet 2012

finalement comme une ville banale

Parfois les photographes de nos cartes postales sont inconséquents. Regardez :




















Comment et pourquoi le photographe de cette carte postale Artaud Frères a-t-il décidé de viser ainsi la jardinière gigantesque de la place devant le centre commercial de Mantes-la-Jolie au Val Fourré ? Il faut dire que, à une échelle différente cette jardinière pourrait bien avoir des allures d'architecture brutaliste qui nous ravirait ! Regardez le détail de l'écoulement du surplus d'eau, détail typiquement tiré de l'architecture post-corbuséenne ! Pauvre Le Corbusier me direz-vous ! Mais si nous regardons encore un peu mieux nous nous apercevons que cette jardinière est en fait une bouche d'aération certainement d'un parking sous la dalle sous nos pieds !
Le photographe a-t-il tenté là l'ultime floraison de sa carte postale en cadrant ainsi ces rosiers rouges qui viennent même s'aligner sur les parasols du bar tabac ? Manière de coller au nom champêtre du lieu : fourré, jolie, val ?
Nous voyons finalement peu de chose de l'architecture de Mantes sur cette image. Nous voyons quoi ?
D'abord de belles typos !














Le mot dressoir (?) écrit aussi au fond... Et beaucoup de petites voitures italiennes : un concessionnaire Fiat et Autobianchi ? Le soleil est au zénith, l'ombre tombe franchement. La carte postale fut expédiée en 1975.
Pour voir mieux le Val-Fourré :










































La carte postale Estel nous montre la hiérarchie des lieux. Au centre la Foi et le plaisir avec l'église et la patinoire, les deux seules constructions visées pour elles-mêmes. Autour, la rue, les immeubles, la ville qui nous donnent à voir d'un peu loin l'école, les monuments, les rues, les parkings.
Finalement comme une ville banale.
Difficile depuis ces images de vivre la ville. On peut simplement dire que là, comme ailleurs, une certaine pratique sociale voulait que pour donner des nouvelles, au dos d'un carton imprimé d'une ou de plusieurs photographies, on écrivait sa vie, ses souhaits, ses désirs. On descendait au pied de l'immeuble, on achetait le journal et là sur la gauche un tourniquet proposait ces images. Il fallait choisir. Celle-ci avec plein d'images ou celle-ci avec le beau centre commercial ? Dans quelle image je me reconnais le mieux ? Quelle image ai-je envie de donner à voir de ma ville ?
Aujourd'hui sur Google images, dès la sixième image du Val-Fourré, les tours s'écroulent sous les explosions et une voiture de Police fait sa ronde.
Finalement, comme une ville banale.