dimanche 8 juillet 2012

beauté dijonnaise

Revenons sur une architecture détruite, rasée, perdue à jamais.
Revenons sur l'implacable et belle Cité Billardon de Dijon.
Cherchons un point de vue :




















Encadrée entre deux troncs d'arbres puissamment sombres et noirs, la perspective de la Cité Billardon prend place exactement entre ces deux fortes cales.
La dureté est totale et franche, le contre-jour construit l'image en opposant le naturel à l'artificiel, la géométrie au fouillis, l'angle droit à la tache.
Quelle carte postale !



































Il s'agit là d'une édition Combier sans date ni nom d'architecte. On devine que la Cité Billardon est toujours en chantier car des tas de terre sont encore au pied de l'immeuble : cela signe l'impatience des éditeurs de cartes postales à faire des images, à trouver un marché. On imagine la promenade dans le ventre vide de la Cité, les odeurs de ciment frais, les espaces encore silencieux. Ce point de vue permet de saisir aussi la relative finesse de l'épaisseur de la construction eu égard à sa longueur : presque fragile.
Un peu plus à gauche :


















On devine encore à droite le feuillage de l'arbre vu sur l'autre carte postale. La grille ici révèle sa force et sa régularité. Les tas de terre ont disparu et les autos des habitants viennent se garer. La Cité Billardon est maintenant habitée, vivante. Pourtant tout est bien neuf encore, le traitement du sol au pied de l'immeuble reste libre et les herbes folles ne dérangent personne.
Cette belle carte postale est due à E. Protet éditeur et photographe. Au dos de la carte postale le correspondant parle de l'enfant qui joue dans la neige et affirme que la seule distraction est l'entretien de la cuisinière !
La Cité Billardon fut détruite en 2003. Elle s'écroula avec son Label Patrimoine du XXème Siècle.