jeudi 12 juillet 2012

Chlore et béton

Nous allons regarder une piscine.
Celle de Nanterre.
Parce que deux de mes guides préférés d'architecture lui consacrent un article ce qui laisse comprendre sans aucun doute qu'une architecture importante se joue à cet endroit. Mais regardons d'abord les cartes postales et ce qu'elles nous disent :



















La carte postale Lyna pour Abeilles-Cartes nous montre bien la piscine dans une manière digne d'une carte postale de banlieue. On notera tout de même que le photographe cadre sur la gauche ne cherchant pas à prendre la piscine dans son ensemble car certainement, vu l'ampleur de celle-ci le recul aurait produit une image amoindrie de la construction. Ainsi, le cadrage resserre la particularité de la piscine sur la rythmicité de sa façade constituée de losanges à moitié dedans à moitié dehors et qui portent, accrochent (c'est plus juste) cette façade et ses éléments. La répétition fait le décor et le cinétisme de l'ensemble.


























La pièce maîtresse de ce point de vue étant bien évidemment la cheminée droite et cannelée en béton d'une grande qualité sculpturale accentuée par l'escalier qui vient s'y accrocher. La barrière est ouverte, la 203 est bien garée. Mais l'anecdote de cette image est aussi l'ombre du premier plan qui laisse deviner les lettres renversées U, N, I, C et le mot camion ! Un garage comme voisin ?










Deux vues, une carte postale :


























Le nom de la ville de Nanterre est écrit en rouge au milieu de ces deux vues de la piscine ce qui prouve la fierté locale pour son aménagement sportif et sa reconnaissance comme un élément important.
Encore une édition Lyna qui nous permet cette fois de voir la piscine dans son ensemble et même son bassin d'été mais qui nous permet surtout de pénétrer dans l'édifice et d'y trouver la structure porteuse faite de poutres gigantesques qui la traversent. On perçoit mieux également les losanges de la façade vue plus haut.


















































Et encore une fois, le regard d'un gamin tourné vers le photographe. La présence du preneur d'images ainsi affirmée replace l'acte de la photographie dans un moment bien moins objectif qu'il n'y paraît. Ce regard soutenu, curieux, et définitivement à la fois suspendu et disparu est toujours une source puissante   d'émotions.
Mais voyons maintenant ce que disent nos guides d'architecture. Commençons par le radical, dur, et pointu Paris construit de Ionel Schein chez Vincent, Fréal et Compagnie qui date de 1970.






































On s'amusera de " la rudesse et le dépouillement des formes rendent le bâtiment sévère, il faut vouloir y entrer " ! C'est exactement ce que nous aimerons dans cette piscine des architectes Daras, Kopp, Chazanoff. La photographie est de Thomas Cugini.
Lisons maintenant notre guide d'architecture contemporaine en France de Monsieur Amouroux :



























































Ici on notera que Monsieur Amouroux s'attache bien plus à la richesse structurelle de la piscine en décrivant parfaitement son principe constructif. Cela ne l'empêche pas... d'imprimer son plan de coupe à l'envers ! Plan exactement identique à celui de Ionel Schein. Mais on ne peut en vouloir à ce guide qui reste sans aucun doute la clef de voûte, la poutre-maîtresse de notre bibliographie.
On notera également que les architectes nommés par Monsieur Amouroux sont A. Darras, J. Darras, Y. Bedon et que nous retrouvons l'excellent René Sarger comme ingénieur. Donc pas tout à fait les mêmes que Ionel Schein.